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Palimpseste
articles et lettres de lecteur
de François Brutsch

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Lettre de lecteur au quotidien Le Courrier, à la suite d'une lettre hostile à l'initiative Oui à la région.
Vaud-Genève: la région existe, il faut franchir le pas
24 février 1999
Ceux et celles qui apprécient les lettres de M. André Thomann connaissent sa personnalité truculente, son esprit libre-penseur, son tempérament libertaire.  Ou me serais-je trompé?  Sa philippique contre l'union des deux cantons de Vaud et Genève pour n'en former plus qu'un témoigne soudain d'un nombrilisme affligeant, d'une suffisance prétentieuse et d'un conservatisme frileux.  Permettez à un membre du comité de l'Union Vaud-Genève à l'origine de l'initiative dont la récolte des signatures est en cours dans le canton de Vaud et se poursuivra à Genève dès septembre de lui répondre.

Pour éviter la tarte à la crème de la globalisation, on peut mettre la tête dans le sable.  Mais ce n'est pas une solution.  La vraie réponse à la globalisation de la société, c'est la globalisation de la structure politique et non le chacun pour soi.  Donc une communauté internationale organisée (plutôt qu'une seule superpuissance), un transfert de compétences des Etats traditionnels à la fois vers l'Europe et vers les régions, et pour la Suisse un fédéralisme renouvelé autour de 7 à 9 grands cantons à même d'être les partenaires de Rhône-Alpes ou de la Lombardie.  Cette réflexion n'a rien à voir avec une Novartisation des cantons, c'en est plutôt l'antidote: le moyen de rendre au pouvoir politique, à la démocratie, sa primauté.  Il suffit de lever le nez pour voir que ce mouvement est en marche partout: en Suisse centrale, dans la région de Bâle, en Suisse orientale...

La collaboration transfrontalière plutôt que l'union avec ces Vaudois honnis?  La vérité c'est que les Vaudois sont comme les Genevois, et c'est peut-être ce qu'ils voient dans leur miroir que certains détestent, de part et d'autre de la Versoix d'ailleurs.  Sur le plan économique, social, politico-culturel (au sens des valeurs et des attitudes), nous formons une seule région actuellement divisée en deux cantons aux structures essoufflées.  Les Genevois vont au Festival de Nyon ou à Gianadda, pas à Annecy ou à Grenoble.  On ne peut pas refaire l'histoire et vouloir que Genève redevienne une petite cité-Etat ou la préfecture d'un département français.  Pour ma part, je crois que c'est l'ambiguïté actuelle qui nuit à l'identité de Genève, à la fois ville et canton (ou ni l'une ni l'autre). Nous serons plus à l'aise comme ville, comme agglomération (y compris avec la partie de celle-ci qui se trouve de l'autre côté de la frontière) lorsque nous serons l'un des pôles d'une région ayant pris sa dimension politique réelle.  Et j'en veux pour preuve Le Courrier: ses pages Vaud et Valais nous confirment chaque jour notre communauté de destin.

Là où j'ai vraiment ri, c'est quand André Thomann craint l'ébranlement brutal et en appelle à la politique des petits pas... plus Suisse tu meurs! Mais parfois il faut savoir oser faire le pas.  Au demeurant on peut être courageux mais pas téméraire: le processus proposé par l'initiative, c'est d'élire une Constituante commune pour créer les institutions du nouveau canton; à la fin c'est bien le peuple qui tranchera, par oui par non.

 


Dernière mise à jour: 24/02/01
François Brutsch - Genève - Suisse