Ne serait-ce que par respect à l'égard de
ce que son titre rappelle à la mémoire intellectuelle francophone, on aurait pu espérer
que Le Temps ne se range pas, cette fois, dans le camp des Munichois. Que, fidèle
à son engagement européen et humaniste, il salue la détermination ultime qui a conduit
l'UE et l'OTAN à ne pas tendre l'autre joue. Car que n'aurait-on pas lu dans vos
colonnes, dans quelques jours ou quelques semaines, si l'échec de Rambouillet avait comme
trop longtemps été suivi d'un étalage d'impuissance et de pusillanimité! Les arguments avancés par Eric Hoesli procèdent d'amalgames
hypocrites et de pseudo-équivalences que je croyais révolus. Ce n'est nullement le droit
à la sécession du Kosovo que les alliés défendent. Et les Serbes de Bosnie ont
justement, dans le cadre du règlement qui est mis en oeuvre dans ce pays, leur entité
autonome. Enfin ce ne sont pas des voisins de la Serbie susceptibles de visées moins
pures qui interviennent militairement contre elle.
Mais ce qui m'indigne particulièrement, c'est ce titre:
"La guerre en Europe". Comme si elle avait débuté hier parce que, pour la
première fois, elle touche la Serbie. Les autres peuples de l'ex-Yougoslavie, les
centaines de milliers de personnes chassées de chez elles par la guerre (une vraie)
depuis des années apprécieront. |