Par
définition, le plurilinguisme créé
des coûts accrus pour la communication. Des coûts
directs: la même publication doit exister en différentes
versions, et donc à moindre tirage. Des coûts
indirects, sous forme de circuits plus lourds: il faut intégrer
au processus une éventuelle conception en plusieurs
langues, en tout cas une prise en compte du temps de la
traduction là où une langue unique permet
plus de spontanéité.
Ces
questions sont relativement bien maîtrisées
en Suisse pour la communication sur papier, qu'il s'agisse
de la vie politique, des rapports avec l'administration
ou des grandes entreprises. On néologise en latin
ou en anglais et on traduit à tour de bras, les maladresses
sont relevées (la publicité) et les fautes
sont dénoncées (s'adresser en allemand à
un gouvernement romand).
Les
imprimés sont toujours nécessaires et l'Internet
s'y ajoute désormais. En même temps, par sa
forme moins figée, la publication sur le web appelle
à prendre des libertés avec des usages pas
toujours bien intériorisés.
Prenez
le nom du site: faut-il en déposer un dans chacune
des langues officielles? Ce n'est pas ce qu'a fait le Conseil
supérieur de la presse (www.presserat.ch),
dont le site est ensuite irréprochable. Une manière
simple et élégante de régler la question
est de choisir un nom acceptable par tous: www.admin.ch
pour la Confédération, www.sp-ps.ch
pour le parti socialiste suisse.
Vient
alors la page d'entrée: il n'est pas rare qu'elle
soit en allemand avec possibilité d'opter pour le
français (et c'est statistiquement raisonnable);
la simple page de choix de la langue est au fond une étape
agaçante. Ici la solution recommandable serait d'avoir
d'emblée un sommaire simplifié dans les différentes
langues du site.
Reste
à voir comment est gérée la contradiction
entre le désir de satisfaire l'internaute dans sa
langue et celui de répondre à sa curiosité
sur un sujet donné: n'obtiendrez-vous que ce qui
existe en français parce que vous l'avez sollicité
depuis la page d'accueil dans cette langue? Le site du PSS
est moins riche en français qu'en allemand! Il paraît
préférable de concevoir le site de manière
à donner toute l'information depuis chacune des langues
(ex. les discours de Moritz Leuenberger).
Est-ce
un phénomène de transition ou durable? On
observe par ailleurs la mise en place de sites de portée
manifestement nationale exclusivement en allemand:
--> Profitline est une branche du groupe Rentanstalt
/ Swiss Life qui vend des fonds de placements par téléphone
(en plusieurs langues). Les documents vous sont adressés
dans la langue de votre choix, y compris l'anglais. Mais
à la faveur d'un développement du site www.profitline.ch
qui permet la vente et la gestion en ligne, la version française
a disparu, seul l'allemand subsiste.
--> www.topten.ch
est un site soutenu par l'office fédéral de
l'énergie pour donner en permanence le hit-parade
des produits les plus respectueux de l'environnement. Les
versions romandes et tessinoises sont désormais annoncées...
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