MOZA//K

Palimpseste
articles et lettres de lecteur
de François Brutsch

Lui écrire

 

Lettre de lecteur aux quotidiens Le Temps, la Tribune de Genève et Le Courrier à propos d'un statut de partenariat pour les couples de même sexe (initiative Gros, PACS).
Le droit à la poursuite du bonheur
1er décembre 1998
Un statut de partenariat enregistré: par son initiative, le conseiller national J.-M. Gros relance le débat ouvert en Suisse par la pétition "Les mêmes droits pour les couples de même sexe" avec 85'000 signatures. Elle a été déposée au Palais fédéral il y a presque 4 ans, le 18 décembre 1994 - donc bien avant le Pacs.

La pantalonnade des socialistes français le confirme: point n'est besoin de réinventer la roue, le monde n'a pas attendu que la France l'éclaire, il suffit de suivre l'exemple des Danois dès la fin des années 80, comme les autres pays scandinaves, les Pays-Bas (et tout prochainement l'Allemagne de Gerhard Schroeder et Joschka Fischer).  Ce qui est utile, ce n'est pas un statut pour les hétéros qui renâclent au mariage, mais une reconnaissance et une solution pratique pour les couples auxquels il est interdit: les couples de gais et de lesbiennes.

Vouloir cacher ce vrai problème derrière les concubins, voire les frères paysans, c'est perdre sur tous les tableaux: un statut commun à tous ces cas de figure ne peut que manquer sa cible (c'est ainsi que le projet français ignore l'une des principales questions: le droit de vivre dans son propre pays avec l'être aimé s'il ou elle est étranger-ère).  C'est ouvrir une guerre sur le front de l'institution du mariage en offrant une troisième variante pour les couples de sexe opposé (car ils pourront j'imagine aussi refuser le Pacs) - ce qui a au moins le mérite de montrer le côté pragmatique d'un statut pour les seuls couples de même sexe.  Comme tout hétéro à l'aise dans sa sexualité, son couple et même sa foi religieuse peut le reconnaître, les gais et les lesbiennes ne sont pas des concurrents. Nous ne remettons en réalité nullement en cause le mariage entre un homme et une femme, qui ne nous concerne pas: nous n'évoluons simplement pas dans la même ligue.

Les Pères fondateurs américains ont proclamé le droit de toute personne à la poursuite du bonheur.  Il implique que l'Etat s'abstienne d'interférer avec celui-ci comme il le fait, actuellement, en ignorant - en discriminant - une minorité qui n'a pas plus choisi son orientation affective que l'immense majorité.  Puisse l'initiative Gros (survenant après un postulat de Verena Grandelmaier approuvé par le Conseil national en 1996 et une question au Conseil fédéral de Gilles Petitpierre en 1994) accélérer la prise de conscience des autorités fédérales.

 


Dernière mise à jour: 24/02/01
François Brutsch - Genève - Suisse