Permettez une intervention d'un Suisse de
langue française, vivant dans un pays dont la majorité germanique a pourtant été
oubliée dans la comptabilité paranoïaque de Mme Bollmann. Que je sache, c'est l'Etat français qui cherche à donner un poids politique à
la langue à travers la grandiloquente organisation qui a recyclé M. Boutros Ghali. C'est
le général de Gaulle qui s'en allait prêcher la partition linguistique d'un pays
démocratique allié, le Canada. C'est aussi lui qui refusa d'extrader un terroriste
suisse du Front de libération du Jura (en lutte pour la formation d'un canton spécifique
pour la minorité francophone du canton de Berne) au motif que "La France n'extrade
pas ses nationaux": qui donc fait de la langue l'élément constitutif de la nation?
L'Etat-nation allemand s'est formé par unification
autour d'une langue parlée, alors que l'Etat-nation français s'est construit par
"purification ethnique" des autres langues présentes sur son sol. Et
aujourd'hui c'est plutôt la France qui trouverait naturelle l'Anschluss de la Wallonie et
de la Suisse romande...
Dans le débat européen, ce qui est en cause c'est la
prépondérance de l'Etat-nation, à laquelle s'arc-boute la France, mais aussi le
Royaume-Uni, ou son dépérissement au profit des régions qui a la faveur de l'Allemagne.
Ceux des Français qui ne voient pas que les Allemands,
eux, ont évolué dans leur conception du monde auraient tout intérêt à faire ainsi
disparaître leur ennemi préféré; ou est-ce ce qu'ils redoutent? |