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Palimpseste
articles et lettres de lecteur
de François Brutsch

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Réaction pour le Forum de France-Culture, à la suite de l'émission Dispute du 15.02.01 sur le thème: La guerre des langues en Europe (écouter l'émission).
Menace allemande ou française?
18 février 2001
Permettez une intervention d'un Suisse de langue française, vivant dans un pays dont la majorité germanique a pourtant été oubliée dans la comptabilité paranoïaque de Mme Bollmann.

Que je sache, c'est l'Etat français qui cherche à donner un poids politique à la langue à travers la grandiloquente organisation qui a recyclé M. Boutros Ghali. C'est le général de Gaulle qui s'en allait prêcher la partition linguistique d'un pays démocratique allié, le Canada. C'est aussi lui qui refusa d'extrader un terroriste suisse du Front de libération du Jura (en lutte pour la formation d'un canton spécifique pour la minorité francophone du canton de Berne) au motif que "La France n'extrade pas ses nationaux": qui donc fait de la langue l'élément constitutif de la nation?

L'Etat-nation allemand s'est formé par unification autour d'une langue parlée, alors que l'Etat-nation français s'est construit par "purification ethnique" des autres langues présentes sur son sol. Et aujourd'hui c'est plutôt la France qui trouverait naturelle l'Anschluss de la Wallonie et de la Suisse romande...

Dans le débat européen, ce qui est en cause c'est la prépondérance de l'Etat-nation, à laquelle s'arc-boute la France, mais aussi le Royaume-Uni, ou son dépérissement au profit des régions qui a la faveur de l'Allemagne.

Ceux des Français qui ne voient pas que les Allemands, eux, ont évolué dans leur conception du monde auraient tout intérêt à faire ainsi disparaître leur ennemi préféré; ou est-ce ce qu'ils redoutent?

 


Dernière mise à jour: 24/02/01
François Brutsch - Genève - Suisse