L'école garantit l'égalité des chances
jusqu'à 16 ans. Après l'argent public va aux milieux favorisés, et que les autres se
débrouillent! Tessin, Vaud, Genève... Le
débat politique sur l'éducation se concentre le plus souvent sur la phase initiale:
approche pédagogique, sélection, école privée, HES, démocratisation des études... En
même temps, les périodes de crise ont rendu sensible l'évolution de l'économie: on
n'occupe plus la même position tout au long de sa vie, porté par sa formation. Il est
dès lors impératif d'encourager la possibilité de se réorienter, de se perfectionner,
d'apprendre à nouveau; Genève vient ainsi d'ajouter un "chèque annuel de
formation" de 750 francs à son dispositif d'allocations d'études et d'apprentissage.
Cela reste symbolique. Les milieux politiques, les
médias sont composés pour l'immense majorité de personnes qui ont suivi un cursus
scolaire, voire universitaire. Peu ont quitté l'école à la fin de la scolarité
obligatoire pour entrer en apprentissage et recevoir, peu d'années plus tard, un diplôme
intitulé certificat fédéral de capacité. Et ils ne savent pas ce qui se passe ensuite:
les formations ultérieures spécialisations ou promotions sont tributaires
d'efforts personnels et financiers considérables. Des cours et des examens aux quatre
coins de la Suisse, des heures perdues qu'il faut souvent compenser, et des milliers de
francs à payer aux organisations professionnelles ou aux institutions qui gèrent cours
et examens. Le cours et l'examen de cafetier coûte à Genève 5400 francs. Mais il y a
rituellement des avocats frais émoulus pour s'indigner des 800 francs que leur coûte le
brevet après leur licence universitaire.
Au
lieu de compenser l'inégalité sociale, l'argent public mis
dans l'éducation la reproduit: l'Etat dépense plus pour
les personnes issues des milieux favorisés qui suivent des
formations longues, universitaires (et qui auront accès
aux meilleurs jobs, aux meilleurs salaires, et pourront
évoluer par la suite) que pour celles qui, issues rarement
pour ne pas dire jamais des milieux favorisés, quittent
rapidement l'école publique et reçoivent des formations
courtes, frappées d'obsolescence, qui les destinent à des
salaires qui plafonnent rapidement.
Pour
compenser cette inégalité des chances devant la vie active,
les procédures d'allocations qui parfois existent et sont
méconnues ne suffisent pas. C'est un véritable crédit (ou
capital) individuel de formation égal pour tous qui devrait
être attribué à la fin de la scolarité obligatoire: rapidement
épuisé par celles et ceux qui bénéficient d'une formation
longue, il permettrait aux autres, plus tard, de disposer
des moyens de se former, de se réorienter, à leur rythme
et pas seulement en passant sous les fourches caudines
de l'assistance en cas de perte d'emploi.
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