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Palimpseste
articles et lettres de lecteur
de François Brutsch

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Et si l'on parlait d'homosexualité à l'école le 11 octobre?  Article paru dans DP.
Coming out: une journée pour "en" parler
22 septembre 2000 (version révisée)
Le 11 octobre est la journée internationale du "coming out": une occasion politico-médiatique de promouvoir la reconnaissance et l'acceptation de leur homosexualité par celles et ceux qui sont encore "dans le placard". Cette année, pour la première fois, dans toute la Suisse.

Celles et ceux qui utilisent les sites Internet proposant l'envoi de cartes virtuelles le savent: les Américains sont friands de ces Journées dédiées à telle cause ou corporation, qu'elles soient décrétées par le président ou les fleuristes... La Journée du coming out (littéralement: "coming out of the closet", "sortir du placard" pour un gay ou une lesbienne) existe depuis le 11 octobre 1988, une année après une marche qui a rassemblé un million de manifestant-e-s à Washington. Célébrée en Suisse depuis 1991, elle bénéficie d'une audience certaine – du moins dans les médias suisses alémaniques, la presse romande étant traditionnellement plus timide. Par rapport à la manifestation plus revendicative et haute en couleur de la Gay Pride à fin juin/début juillet, c'est une occasion de faire prendre conscience d'une réalité moins flamboyante: l'importance de se reconnaître et de s'accepter comme on est, comme membre d'une minorité. Une information ou des actions qui concernent aussi bien les jeunes que les parents, les enseignants et la population en général.

Levons d'emblée une ambiguïté néfaste, parfois défendue avec les meilleures intentions du monde: non, l'orientation sexuelle ne relève pas de la plus stricte intimité, comme une caractéristique privée qui ne regarde personne. Sans vraiment s'afficher, elle est souvent évidente comme le sexe ou la couleur de la peau: c'est ainsi que l'hétérosexualité s'impose triomphalement partout, dans les médias et la vie quotidienne, sans qu'on s'en aperçoive; elle va de soi. D'où un inévitable sentiment de malaise, de recherche de repères, quand en grandissant on se rend compte que l'on est "différent-e". C'est un processus difficile et douloureux: une étude du Centre hospitalier universitaire vaudois sur mandat de l'Office fédéral de la santé publique a montré qu'un quart des adolescents gays commet une tentative de suicide.

Bien sûr les mentalités ont évolué: les médias ou la publicité font aujourd'hui une large place à l'homosexualité. Mais l'adolescence est aussi un âge où l'on ne rêve que de se fondre dans la masse, et non de se distinguer. Et l'homophobie, verbale ou physique (elle peut aller jusqu'au meurtre), reste une réalité dont une part relève probablement de craintes émotionnelles: en parler est aussi le meilleur moyen d'aider à les dominer.

Cette année, en Suisse, à l'initiative des organisations de gays, de lesbiennes et de leurs parents et ami-e-s, une action est plus particulièrement destinée à faire parler d'homosexualité à l'école. Elle adapte le combat féministe d'il y a 25 ans qui dénonçait l'univers de référence exclusivement patriarcal et masculin du matériel scolaire en relevant qu'aujourd'hui l'école manque à sa mission en faisant l'impasse sur la réalité de l'homosexualité (alors qu'elle joue par exemple activement son rôle d'intégration des étrangers et de lutte contre le racisme). Concrètement, les gays, lesbiennes et bisexuel-le-s de tout le pays sont invité-e-s à adresser personnellement une lettre circulaire à leur ancienne école "pour que cesse l'homophobie en milieu scolaire".

Adresses utiles:

Journée nationale du coming out CH, case postale 7679, 8023 Zurich
Pink Cross, antenne gaie suisse
Organisation suisse des lesbiennes
Lambda éducation, Genève


Coming out et Outing

Dans un monde idéal, le coming out ne serait qu'une étape à franchir aux alentours de l'adolescence. La réalité est moins rose est c'est souvent plus tard que certain-e-s arrivent à s'accepter, ou à se libérer de l'illusion d'avoir à cacher leur orientation sexuelle à leur famille, leurs amis, leurs collègues de travail (quand il est impossible d'ignorer l'hétérosexualité de quiconque).

L'expression outing désigne, elle, la révélation par des tiers de l'homosexualité ou de la bisexualité d'une personnalité qui cache cette orientation, tout en l'acceptant et en la vivant (dernière "victime" en date: Jörg Haider, le leader d'extrême droite autrichien). Acte proprement politique (à ne pas confondre avec la manifestation d'homophobie qui part de l'idée que la révéler, c'est flétrir la personne qui en est l'objet) popularisé notamment par le mouvement Act Up, il s'agit de refuser l'hypocrisie, voire d'en appeler à la responsabilité de celles et ceux qui, précisément parce qu'elles et ils sont des personnalités qui n'ont rien à craindre, ont un devoir moral de ne pas se faire passer pour hétérosexuel-le-s.


"A visage découvert"

Sous ce titre, 30 jeunes gays et lesbiennes de Suisse Romande racontent leur histoire. Avec élégance, talent et philosophie, mais surtout avec une honnêteté et un courage qui forcent le respect. Des récits de vie qui rappellent certaines valeurs essentielles et qui soulignent qu’au-delà des différences, nous avons tous besoin d’amour et de liberté. Préface de Ruth Dreifuss. Editions Slatkine.

 

 


Dernière mise à jour: 10.01.2002
François Brutsch - Genève - Suisse