La
Suisse connaît, avec Minergie, un label pour les constructions
à basse consommation énergétique. Mais
l'on peut faire encore mieux : zéro énergie
fossile. Et pas seulement dans un prototype pour écolo
pur et dur.
Un
groupe de petits immeubles dans le sud de Londres, à
20 minutes en train du centre, apporte la démonstration
qu'il est possible de concevoir un mode de vie contemporain,
urbain, confortable, sans utilisation d'énergie fossile,
sans aucun rejet de CO2. Un modèle achevé
en 2001, issu d'un long travail de pionniers, mais qui est
maintenant suffisamment stabilisé pour être
repris ailleurs dans le pays.
Le
Beddington Zero Energy Developpment (BedZED), c'est la rencontre
de trois partenaires privés et d'une autorité
locale particulièrement sensible à la problématique
du développement durable (elle a son propre Agenda
21). Bill Dunster est un architecte spécialisé
dans la construction solaire passive, BioRegional est un
groupe d'environnementalistes et le Peabody Trust est la
plus grande fondation britannique de construction de logements
sociaux. Sur une parcelle de 1,7 hectare, ils ont réalisé
un ensemble de 82 logements (de l'appartement de 2 chambres
à coucher à la maison mitoyenne) et 2300 m2
de bureaux et commerces. Ces derniers paient le surcoût
de la construction, évitant ainsi de renchérir
les logements, sur la base d'un accord astucieux entre les
promoteurs et la commune : autorisation d'une densité
accrue pour prix de l'absence d'émission de CO2.
Mais la mixité habitat / travail s'inscrit aussi
dans une stratégie de réduction des besoins
de déplacements ; quelques logements intègrent
directement une zone destinée à l'activité
professionnelle.
Les
immeubles utilisent les techniques éprouvées
de l'architecture écologique, sans sophistication
high tech : isolation renforcée, façades plein
sud vitrées avec loggia formant serre, construction
étagée pour maximiser l'ensoleillement (les
locaux d'activité se trouvant eux dans les zones
d'ombre) et offrir des terrasses et jardinets à chaque
logement, système de ventilation avec récupération
de la chaleur (les cheminées multicolores évoquent
des perroquets perchés sur le toit), récolte
de l'eau de pluie pour les chasses d'eau. Mais sans fondamentalisme
ou collectivisme : pas de WC secs avec récupération
des matières fécales, baignoire et pas seulement
douche, four et cuisinière électriques, machine
à laver dans le logement. L'ensemble comprend une
centrale chaleur force alimentée au bois pour l'eau
chaude, y compris un éventuel appoint de chauffage,
et l'électricité (dont le bâtiment abrite
également l'installation biologique de traitement
des eaux sales et le local attenant au terrain de sport
inclus dans le programme). Des panneaux photovoltaïques
sur les toits et surfaces vitrées assurent l'autonomie
annuelle de 40 voitures électriques (un système
calqué sur le modèle suisse de Mobility est
en place pour les résidents).
Les
promoteurs ne recherchent pas la performance pour elle-même,
ils n'ont pas le goût narcissique du prototype toujours
en phase d'amélioration. A partir de la première
maison solaire construite par Bill Dunster pour sa famille,
c'est aujourd'hui un réseau d'entreprises de diverses
spécialités qui a désormais standardisé
la gamme des éléments de ce type d'urbanisation,
susceptible d'être décliné sous diverses
formes et adapté aux conditions locales : l'accent
est en effet mis sur la récupération et sur
l'utilisation des matériaux de construction produits
à proximité, ce qui devrait éviter
tout risque d'uniformité.
Pour
en savoir plus: www.minergie.ch,
www.zedfactory.com,
www.bedzed.org.uk,
www.bioregional.com
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