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Terrorisme, guerre, mondialisation, démocratie...
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pour garder les idées claires

Après le 11 sept. 01

 

Article de Bernard Guetta, Le Temps (16.11.2001)
Les trois leçons d'une crise qui a malmené la Raison

Deux mois. Il n'aura fallu que deux mois et deux jours pour gagner une guerre que tant d'autorités disaient perdue. Combien de fois n'aura-t-on pas entendu, depuis le 11 septembre, que le ressentiment anti-américain assurait de telles sympathies au djihadisme que les talibans vaincraient l'Amérique comme les Afghans avaient vaincu l'URSS?

Combien d'experts n'avaient-ils pas expliqué que les montagnes afghanes étaient imprenables, que les Britanniques s'y étaient cassé les dents avant les Russes, que les Etats-Unis s'y embourberaient à leur tour? Tout l'assurait, disait-on, l'Histoire, l'anti-américanisme, les torts occidentaux, mais pour annoncer l'avenir, le passé ne suffit pas. Il faut, aussi, comprendre le présent.

C'est leur indépendance que les Afghans avaient défendue contre les Britanniques et les Soviétiques. C'est à des peuples unis par une cause commune que ces empires s'étaient heurtés tandis que, dans cette guerre-là, les talibans avaient depuis longtemps perdu tout soutien populaire, rendus odieux par leur obscurantisme, justement perçus comme les instruments de la puissance pakistanaise et d'une internationale étrangère, fanatique et dominatrice.

Kaboul n'est pas tombée. Elle a été libérée. L'Afghanistan a été libéré par des Afghans que les bombes américaines n'ont fait qu'aider. On peut trouver cent raisons à l'anti-américanisme, toutes fondées, mais, dans cette bataille-là, l'Amérique incarnait la liberté, la plus universelle des valeurs, celle qui se rit des frontières, des différences et des cultures.

C'est la deuxième leçon de cette victoire. Depuis le 11 septembre, l'abjecte et éternelle antienne sur les peuples que la servitude ne blesse pas s'entonnait à nouveau. Comme aux temps coloniaux, comme à ceux de la Révolution culturelle, comme toujours, le bon vieux racisme murmurait que «ces gens-là» n'étaient pas comme nous, qu'il ne fallait pas vouloir leur exporter nos valeurs, mais les talibans n'avaient pas fui depuis deux heures que la liberté transcendait les antagonismes ethniques, que Kaboul la pachtoune accueillait des Tadjiks en libérateurs, que la musique envahissait les rues, que barbes et voiles tombaient, que les foules se portaient aux prisons pour en ouvrir les portes.

L'universalisme existe.

L'homme est un. C'est la troisième leçon à tirer d'une crise qui a tant malmené la Raison. Sur le charnier de Manhattan, les apôtres du «choc des civilisations» reprenaient vigueur. «Vous voyez bien...» disaient-ils, mais qu'a-t-on vu? Malgré la violence du déchirement israélo-palestinien, malgré la corruption de régimes créés ou soutenus par les Occidentaux, malgré la misère des masses musulmanes, malgré la richesse, en un mot, de ce terreau islamiste, on a vu que non seulement l'islam ne se réduisait pas à ses djihadistes mais que l'islam arabe n'est pas l'islam turco-perse qui n'est pas l'islam asiatique. Il reste à reconstruire un pays. Ce n'est pas joué, mais il est temps d'essuyer nos cadrans.

 

 


Merci de me signaler les fôtes et les liens rompus!
Dernière mise à jour: 10.01.2002

François Brutsch - Genève - Suisse